L'usine d'incinération d'ordures ménagères (UIOM) de Vaux le Pénil Article issu de Nature Actualités n°80-81 (2000) |
La Seine-et-Marne est concernée par un important projet d'UIOM en remplacement d'une petite installation obsolète et extrêmement polluante située sur un lieu dénommé " le tertre de Chérisy " à Vaux le Pénil, commune industrielle située au nord de Melun. Il se trouve à proximité de nombreux sites et monuments classés dont le plus important est le château de Vaux le Vicomte et son parc, élément du patrimoine mondial. Le plan départemental d'élimination des déchets ménagers et assimilés, en cours de révision, a divisé notre département en plusieurs secteurs et comporte bien un gros point mentionnant ce projet, dans la région de Melun. Mais nul n'aurait pu deviner que nos décideurs feraient preuve d'aussi peu d'imagination et reconstruiraient exactement au même endroit la nouvelle installation de 40 m de hauteur, longue de 200 m environ, à un kilomètre du mur du parc de Vaux le Vicomte. Autre inconvénient : les vents dominant rabattent les panaches de fumée sur la petite commune de Maincy (1000 habitants), la plupart du temps. On aurait pu profiter de la nouvelle construction pour trouver un site répondant à des critères d'intégration dans le paysage et nettement éloigné de l'agglomération melunaise de bientôt 100 000 habitants afin d'éparner la santé des habitants. Les problèmes des fumées, métaux lourds et dioxine, méritent bien l'application de certaines précautions. L'ASMSN, trop tardivement alertée de tous ces problèmes, a été dans l'obligation de lancer une procédure juridique au Tribunal Administratif pour l'annulation du permis de construire. Elle est en cours alors que les travaux ont déjà commencé depuis environ deux mois. L'étude du dossier a montré de nombreuses failles, dont une étude d'impact insuffisante, pratiquement aucune étude du devenir des mâchefers ; un site archéologique a été détruit sans fouille préalable. Le SMITOM a commencé les travaux sans avoir la maîtrise foncière de toutes les parcelles si bien qu'un propriétaire a pu obtenir par référé l'interruption des travaux et la condamnation du SMITOM à astreintes journalières. L'empilement de documents d'urbanisme irréguliers a seul permis la délivrance du permis dans de telles conditions. Aucune implantation alternative n'a été sérieusement étudiée. Et ces remarques ne sont pas exhaustives. Si les besoins d'une telle usine semblent évidents pour faire face au traitement des déchets des habitants de cette région, dans l'état actuel de la technique, l'incinération ne sera jamais la panacée. Elle n'est qu'un pis aller. La seule solution consiste bien à diminuer la production de nos déchets, ce qui nous concerne tous. Il semble aussi que des déchets provenant de départements voisins pourraient un jour y être acceptés. Le projet en construction rencontre maintenant une grande opposition du public et de la commune riveraine de Maincy qui s'est lancée elle aussi dans les procédures juridiques mais il est bien tard. Lors de l'enquête publique qui s'est déroulée conformément à la législation sur les installations classées, le public avait déjà fait connaître son opposition sans que ceci donne lieu à une quelconque réflexion de la part des élus ou des maîtres d'oeuvre. Alors maintenant, travaux commencés, recours, sursis à éxécution, manifestations, argent public investi et déjà dépensé et surtout, aucune réponse aux problèmes évoqués plus haut ! Dans l'attente du jugement des tribunaux, on peut philosopher. Cette histoire pose le problème des enquêtes publiques qui présentent des projets généralement bien avancés ne permettant pas ou peu de retour en arrière, en apparence. La consultation par le public de tels dossiers est peu accessible et rares sont ceux qui peuvent se faire une opinion dans la durée d'une enquête publique. Le souci de démocratisation est manifestement trop absent et les bureaux d'études croient pouvoir agir en toute impunité. Ils font avancer leurs projets quoi qu'il arrive. Une proposition : si on remplissait quelques pages des journaux locaux des affaires qui concernent réellement les citoyens, quitte à réduire temporairement la place des publicités surabondantes, si on organisait des réunions publiques où les projets et les enjeux soient très clairement expliqués, évalués, débattus ! Et ceci bien en amont quand il est encore possible de choisir, déplacer, modifier et surtout améliorer ! Alors peut-être les réactions de rejet bien légitimes qui se déroulent maintenant seraient utilisées de manière constructive dans un débat public utile et profitable à tous, à la santé et aux finances des usagers ! Et si on conviait les associations de protection de l'environnement concernées bien en amont à des séances de travail préparatoire ! Ne sommes-nous pas là pour ça ? On peut toujours rêver ! Il reste de nombreux progrès à accomplir. Christine GILLOIRE, présidente de l'ASMSN |
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