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La Vallée du Grand Morin : un site inscrit

Exposé des motifs de l'inscription du site
L'inscription a été décidée en application de la loi du 2 mai 1930 pour son caractère pittoresque.

Le Grand Morin est une rivière qui court d'est en ouest, d'aspect plutôt sévère à sa source. Elle devient assez puissante pour alimenter de nombreux moulins et papeteries créés aux siècles passés. Les méandres de la rivière et la topographie dissymétrique de la vallée, associée à des paysages agricoles ouverts, dont l'horizon est constamment boisé, offrent des paysages à la fois variés et de haute qualité, qui méritent d'être protégés. Les villages eux-mêmes, par leur aspect dense et groupé autour de l'église offrent tous les charmes des vieux bourgs de l'Île-de-France. Inscription : préserver le caractère spécifique de chaque élément du paysage.

Un site de grande qualité
C'est au flanc de la Venise Briarde -- à Crécy-la-Chapelle, qui marque la pointe nord du site -- que furent découverts, au XIXe siècle, trois caveaux lithiques qui abritaient, pour l'un soixante-dix squelettes et les deux autres une cinquantaine. Le château XVIIe siècle et sa chapelle de la même époque, au Plessis-Sainte-Avoie, en prononcent la pointe sud-ouest ; le sud-est est matérialisé par ces petites maisons isolées, "les celles", autrefois habitées par des ermites.

Le coeur du périmètre est jalonné d'arbres fruitiers, "de résidences au bord de rivières tranquilles et quelquefois capricieuses, ponctuées de nombreux moulins à blé, à papier, à tan, à huile ou à draps dont beaucoup ont été détruits, convertis en ateliers ou en maisons de plaisance..." Connu par ses redoutables crues, le Grand-Morin prend sa source au nord de Sézanne et traverse en partie le nord du département de la Seine-et-Marne.

Après avoir traversé le plateau de la Brie qu'elle entaille profondément, cette rivière achève sa course, longue de cent dix-huit kilomètres, à Esbly, près de Meaux. Le port de Tigeaux (qui viendrait de tigiaut, tige, le brin d'osier utilisé par les vanniers) marque la limite navigable des eaux.

Lili, la bergère briarde, dont parlèrent les chroniques de la Belle Époque, devient l'épouse du peintre Grenier, son ami Henri de Toulouse-Lautrec, lui, en devient l'adorateur fervent et peindra le couple dans sa maison de Montaigu. André Dunoyer de Segonzac découvre la vallée du Grand Morin vers 1923-1924 : " Je recherchais en Île-de-France une région qui ait conservé intactes sa pureté et sa poésie, sans être défigurée par des pavillons en séries, de faux châteaux Renaissance, de similis chalets basques, toutes ces hideurs qui, souvent, ont envahi la campagne à cinquante kilomètres autour de Paris".

Quelques années auparavant (entre 1919 et 1922) Edward Steichen avait habité Voulangis ; Constantin Brancusi avait dressé, en 1920, une première Colonne sans fin dans le jardin de la propriété. Alexandre Falguière, Camille Corot, André Derain, Maurice de Vlaminck, Vercors, Mac Orlan, Julien Green, Louis Braille et tant d'autres encore de nos contemporains sont passés, ont habité et travaillé dans ce pays des Morins.

État des lieux
Rompant avec la monotonie du plateau briard, cette vallée présente des pentes ondulées dont les couronnements boisés encadrent de vastes paysages agricoles. En fond de vallée, dans ce cadre ample et verdoyant, le Morin décrit de nombreux méandres.

On relève quelques bourgs ou gros hameaux parmi lesquels Guérard, pittoresque village inscrit dans une boucle du fleuve, ainsi que la Chapelle-sur-Crécy, où l'église Notre-Dame-de-l'Assomption, ancienne collégiale gothique des XIIIe et XVe siècles, constitue un bâtiment remarquable, le plus imposant du site. Quelques fermes de belle taille sont implantées çà et là, sur leurs terres agricoles.

Les monuments, les villages et la végétation sont en bon état de conservation. On notera, au sud de la Chapelle-sur-Crécy, que sur une portion de la rive du Grand-Morin, un emplacement a été aménagé pour la promenade pédestre et pour la pêche. Un habitat léger, entouré de végétation, s'est implanté ici sur plusieurs centaines de mètres.

Une ligne électrique aérienne à haute tension traverse l'espace du nord-ouest au sud-est en son milieu.

Orientations pour la gestion à venir
La zone d'habitat léger, au nord, en bordure du Grand-Morin, doit être particulièrement surveillée et son extension maîtrisée. Un cahier des charges comportant des prescriptions précises et applicables à l'ensemble des constructions permettrait d'améliorer la situation.

Par ailleurs, il serait bon d'enterrer, entre le hameau de Génevray sur la commune de Guérard et celui de Moulangis pour la commune de Voulangis, la ligne hertzienne trop visible depuis les nombreuses routes qu'elle croise et dont l'aspect industriel contraste fâcheusement avec le caractère rural et naturel du site.

Il conviendrait d'envisager une expansion du site vers la vallée de l'Aubetin qui présente des paysages fort pittoresques et des zones humides remarquables ; d'étudier des Zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) pour ne pas freiner le développement des villages et pour surveiller la qualité esthétique du bâti. Cet ensemble agreste mérite bien une protection par classement.

source : diren Ile de France
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